Infiltrométrie : la mesure de la perméabilité à l’air du bâtiment
Les infiltrations d’air ont toujours existé dans les bâtiments. Il ne s’agit pas d’un phénomène nouveau mais il est devenu incompatible avec les exigences de performance et de confort actuelles. La Réglementation Thermique 2012 (RT 2012) a considérablement renforcé la nécessité de rendre étanches à l’air les bâtiments et impose même un test d’étanchéité à l’air au moment de la réception.
1) De quoi parlons-nous ?
La perméabilité à l’air d’une construction caractérise la sensibilité du bâtiment vis-à-vis des écoulements aérauliques parasites causés par les défauts d’étanchéité de son enveloppe, ou plus simplement la quantité d’air qui entre ou sort de manière non contrôlée à travers celle-ci. Elle se quantifie par la valeur du débit de fuite traversant l’enveloppe sous un écart de pression donné.
Le coefficient de perméabilité
Paramètre important pour caractériser une enveloppe de bâtiment, l’étanchéité à l’air du bâti est caractérisée dans la réglementation thermique par un coefficient de perméabilité appelé Q4Pa-surf. Ce dernier représente le débit de fuite par m² de surface déperditive hors plancher bas sous une dépression de 4 Pa, et s’exprime en m3/(h.m²).
La mesure d’étanchéité à l’air des bâtiments, conformément à l’arrêté du 26 octobre 2010 ou à l’arrêté du 28 décembre 2012, doit être réalisée conformément à la norme NF EN 13829 « Détermination de la perméabilité à l’air des bâtiments » et son guide d’application GA P50-784 et n’est valide, dans le cadre de la RT 2012, que si elle est réalisée par un opérateur autorisé par le ministère en charge de la construction.
Ces deux documents sont soumis au copyright et sont disponibles auprès de l’AFNOR.
2) Quelles sont les exigences réglementaires ?
La RT 2012 fixe des objectifs en matière de performance de l’enveloppe du bâtiment pour le secteur résidentiel et impose une justification du niveau atteint en fin de travaux pour tous les bâtiments d’habitation neufs dont la demande de permis de construire a été déposée depuis le 1er janvier 2013.
Les seuils réglementaires sont les suivants :
- < 0,6 m3/(h.m²) pour les maisons individuelles
- 1 m3/(h.m²) pour les logements collectifs
Pour le secteur tertiaire, aucune exigence de résultat n’est imposée. Une valeur par défaut est prise en compte dans le calcul thermique. Une autre valeur peut également être prise en compte dans le calcul, auquel cas une justification du niveau atteint doit être apportée en fin de travaux.
3) Comment valider la perméabilité à l’air d’un bâtiment ?
Selon la RT 2012, la perméabilité à l’air d’un bâtiment est validée si :
- La construction a suivi une démarche qualité validée et agréée par le ministère en charge de la construction OU La mesure de la perméabilité est conforme aux exigences et réalisée par un opérateur autorisé par le ministère en charge de la construction.
3.1) La démarche qualité selon l’annexe VII
En utilisant la procédure décrite dans l’annexe VII de l’arrêté du 26 octobre 2010, la RT 2012 permet de justifier le traitement de la perméabilité à l’air d’un bâtiment résidentiel sans mesure systématique, sous réserve que le maître d’ouvrage justifie du suivi d’une démarche qualité, agréée par le ministère en charge de la construction.
Toute société peut faire une demande d’agrément de démarche qualité Annexe VII. Cette demande sera évaluée en commission RT –Annexe VII, selon la grille d’analyse disponible ci-dessous. L’arrêté du 26 octobre 2010, dans son annexe VII, détaille les éléments à fournir.
La société qui dépose la démarche qualité doit porter et être garante de sa démarche. La société peut, si elle le souhaite, s’appuyer sur un organisme extérieur pour le montage de sa démarche qualité. Un organisme indépendant doit néanmoins obligatoirement être sollicité pour la réalisation d’un audit de la démarche selon la norme NF EN ISO 19011 ainsi que sur la réalisation des mesures de perméabilité à l’air par échantillonnage (cf Annexe VII de l’arrêté du 26 octobre 2010).
Chaque année, une fois agréée, la société doit fournir avant le 31 janvier, un dossier de suivi annuel de sa démarche qualité, afin de valider la reconduction de son agrément. Le contenu du dossier de suivi à fournir est décrit dans l’annexe VII de l’arrêté du 26 octobre 2010.
De plus, le ministère en charge de la construction a mis en place depuis 2011 des campagnes de contrôle des agréments, avec instructions de dossiers et mesures sur sites réalisées de manière aléatoire et inopinée par les services de l’Etat.
L’agrément peut être suspendu ou retiré par le ministère, sur proposition de la commission, en cas de manquement flagrant aux exigences de la démarche qualité.
La liste des sociétés agréées annexe VII-RT 2012 est mise à jour régulièrement sur le site www.rt-batiment.fr ou consultable ICI.
3.2) La reconnaissance des mesureurs
Toute personne qui dispose du matériel peut réaliser un test d’infiltrométrie avant travaux ou courant chantier (souvent appelé test intermédiaire). Par contre pour les mesures à réception servant à l’obtention de l’attestation RT 2012 ou visant une certification (BBC Effinergie …), cette personne devra être qualifiée par l’organisme de qualification et de certification des entreprises de la construction QUALIBAT selon la qualification mesureur 8711.
La liste des opérateurs autorisés est mise à jour régulièrement sur le site www.rt-batiment.fr ou consultable à la page « Liste des opérateurs autorisés » du site de QUALIBAT ou téléchargeable ICI (mis à jour dans la quinzaine qui suit chaque commission).
4) Comment réaliser le test d’étanchéité ?
4.1) La préparation du bâtiment
Calfeutrement temporaire : L’objectif du test est de mesurer les fuites d’air parasites au travers des différentes parois et de leurs jonctions. Par conséquent, les orifices volontaires du système de ventilation du bâtiment (entrée et sortie d’air) sont calfeutrés temporairement.
Organisation du travail lors de la journée de test : Un test de recherche de fuite, selon la taille du bâtiment, a une durée variant de quelques heures pour une maison individuelle à une à deux journées pour un bâtiment de grand volume. Si le planning de chantier ne permet pas un arrêt des travaux le jour du test, le travail des artisans peut quand même se poursuivre, en prévoyant quelques adaptations.
Evaluation des données du site : La température intérieure et extérieure, la vitesse de vent extérieur, l’altitude du projet sont des paramètres relevés sur le site puisque influençant la mesure effectuée.
4.2) Déroulement du test d’infiltrométrie
Installation du matériel de mesure : Dans la majorité des cas, un matériel du type porte soufflante (ou blower-door en anglais) est mis en place dans une ouverture du bâtiment, la plus centrale possible. Elle comprend un ventilateur et des appareils de mesure de pression, pilotés par un système informatique. Il existe de nombreux fabricants tels que Mineapolis, Retrotec, Infiltec ou Technodoor.
Mise en dépression du bâtiment : Le bâtiment est alors mis en dépression de 50 Pa lors d’une première phase : il est vidé de son air et l’air extérieur entre par l’ensemble des discontinuités du système d’étanchéité à l’air. Les fuites d’air peuvent être perçues à la main en étant à l’intérieur du bâtiment et sont mises en évidence à l’aide d’équipements spécifiques tels que : anémomètre, caméra thermographique.
Mise en surpression : À l’inverse, le bâtiment peut ensuite être mis en surpression, afin d’employer un fumigène pour visualiser la fumée qui en sort.
Mesure du taux de renouvellement d’air : Parallèlement à cette recherche, une mesure du taux de renouvellement d’air en dépression et/ou surpression par les fuites parasites est effectuée par palier de pression afin d’en déduire une valeur moyenne pour le bâtiment.
Source :
1) Les économies d’énergie dans le bâtiment : Site Internet édité par le CSTB, l’ADEME et le Ministère de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie et le Ministère du Logement, de l’Égalité des Territoires et de la Ruralité.
2) Étanchéité à l’air des bâtiments : Guide édité par l’ADEME et les Conseils Régionaux de l’Alsace, de la Bourgogne, de la Franche-Conté et des Pays de la Loire.
Articles de « LABELS Construction » en rapport avec le sujet :
> RT 2012 : la règlementation thermique
> Recommandations pour des audits énergétiques de qualité
> L’évaluation de la conformité
Pour aller plus loin :
Consultez le site « Les économies d’énergie dans le bâtiment » édité par le CSTB.
Téléchargez le guide « Étanchéité à l’air des bâtiments » édité par l’ADEME.
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A l’image de la qualification QUALIBAT 8711 « Mesures de perméabilité à l’air de l’enveloppe des bâtiments » évoquée dans l’article et devenue obligatoire pour réaliser les tests d’étanchéité à l’air du bâti, la nouvelle qualification QUALIBAT 8721 » Mesures de perméabilité à l’air des réseaux aérauliques » sera-t-elle bientôt nécessaire pour pouvoir effectuer les tests des réseaux de ventilation ?
J’ai choisi volontairement de garder le sujet des mesures de perméabilité à l’air des réseaux aérauliques pour un autre article. En effet, la récente qualification QUALIBAT 8721 est bien d’actualité puisqu’elle sera sans doute bientôt nécessaire pour pouvoir effectuer les tests des réseaux de ventilation permettant d’obtenir des labels (type Effinergie+, BEPOS-Effinergie,…). A suivre donc…
Bonjour,
Je me demandais, le test d’étanchéité à l’air est obligatoire en RT 2012. Mais doit on l’envoyer quelques part pour le faire valider? Ou est ce une pièce à ranger au grenier que personne ne réclamera jamais ?
Bonjour Tommy,
Je vous remercie pour votre commentaire.
Une attestation RT2012 de fin de travaux, incluant la validation du test d’infiltrométrie, sera transmise au plus tard à l’achèvement des travaux par le maître d’ouvrage. Cette attestation fera foi concernant le test et ne sera donc pas à envoyer pour être valider. Le processus de validation est réalisé en amont puisque les opérateurs sont reconnus au préalable.
Bonne continuation !
Un très bon sujet à traiter. lors de la construction d’un bâtiment il faut respecter certaines exigences réglementaires.
Merci pour votre commentaire !
Excellent article, il reprend bien les points abordés par RT-Bâtiment avec des informations supplémentaires, le tout avec une bonne mise en page qui facilite la lecture.
Je relaie celui-ci sur le Facebook UBAT Contrôle !
Tommy DORIZON, assistant communication chez UBAT Contrôle
http://www.ubat.fr
Merci Tommy, bonne continuation à vous !