La normalisation : une arme stratégique
Utilisée à bon escient, la normalisation constitue un précieux outil d’intelligence économique, à la fois offensif et défensif pour promouvoir ses innovations, contribuer à définir un socle de travail commun pour mieux conquérir de futurs marchés, orienter les débats en faveur de ses propres enjeux…
La normalisation : une arme stratégique
Souvent perçu comme contraignant, le travail préludant à la définition ou à la révision d’une norme est cependant, pour toute entreprise, l’occasion de faire valoir son point de vue et d’orienter les débats en fonction de ses priorités.
Une commission de normalisation fonctionne selon le principe d’une table ouverte où se retrouvent différents acteurs représentatifs d’un secteur d’activité. Ceux-ci, placés sur un pied d’égalité, sont invités à rechercher ensemble un consensus pour faire progresser collectivement leur filière, à l’échelle nationale, européenne, mais aussi internationale.
Un passeport commercial : Chaque année, l’Afnor (association française de normalisation) homologue entre 1 600 et 2 000 normes. 80 % de ces homologations portent sur des révisions de normes existantes. 90 % des 30 000 normes applicables sur le territoire français sont de portée européenne (EN) ou internationale (ISO). Rien n’interdit de commercialiser un produit ne répondant pas à leurs spécifications, mais une conséquence est souvent un déficit d’image, voire l’impossibilité de répondre à certains appels d’offres.
Faire autorité dans son domaine
La commission de normalisation est aussi un outil de veille car elle permet aux participants de mesurer l’évolution de leur marché, d’évaluer les solutions imaginées par leurs concurrents et de tisser des liens avec des partenaires potentiels. Elle constitue un lieu stratégique pour promouvoir ses innovations, démontrer leur compatibilité avec d’autres technologies normalisées et les faire homologuer. Reconnues conformes à l’issue du processus, ces technologies feront autorité sur le marché, ce qui facilitera la diffusion des produits correspondants, en donnant à leurs initiateurs un temps d’avance sur la concurrence.
Le temps : un puissant levier
En moyenne, deux à trois années sont nécessaires pour aboutir à la création d’une norme, un délai décisif. Car si les détenteurs d’une innovation ont intérêt à accélérer le processus pour faire de leur technologie une référence du marché, leurs concurrents auront besoin d’un délai pour adapter leur solution.
Au plan international, les enjeux liés à la mise en place de nouvelles normes sont considérables. C’est au sein des commissions de normalisation que se dessinent les influences commerciales de demain. Les grandes entreprises ne sont bien évidemment pas seules concernées. Les PME ont tout intérêt à se regrouper pour participer aux commissions de normalisation et à y promouvoir leurs innovations. 50 % des frais de déplacement des experts mandatés représentant des PME peuvent être pris en charge par la DGCIS et aucun droit de participation aux travaux n’est exigé pour elles.
En toute hypothèse, se tenir informé de l’évolution du cadre normatif inhérent à son activité est indispensable. Chaque entrepreneur est invité à consulter gratuitement l’actualité de la normalisation sur le site Internet de l’Afnor.
Par Arnaud Lafont, chef du Bureau de la normalisation et de l’accréditation à la DGCIS
La lettre de la DGCIS n°82 – Septembre 2012
Site : Direction Générale de la Compétitivité, de l’Industrie et des Services
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